Un tour par l’Expo UAM à Pompidou …

Si on vous parle de l’UAM, il y a fort à croire que vous ne sachiez à quoi corresponde cet acronyme. Si en revanche je vous parle de Le Corbusier, Mallet-Stevens, Jean Prouve ou Eileen Grey, cela devrait probablement un peu plus vous parler.

L’Union des Artistes Modernes (UAM) est en réalité un mouvement d’artistes décorateurs, de peintres, d’architectes et de sculpteurs qui s’est constitué en 1929 autour de l’architecte Robert Mallet Stevens. Ce groupe qui marquera l’histoire de l’art, décide alors de s’émanciper de la  « Société des Artistes décorateurs »  afin de pouvoir travailler à une approche différente des structures, des matériaux ou du mouvement et ainsi proposer une vision renouvelée des arts décoratifs. Il faut dire que le projet d’appartement présenté à l’occasion de ce fameux salon des Artistes décorateurs en 1928 par Charlotte Perriand, Rene Herbst et Djo-Bourgeois, résolument moderne, n’avait pas franchement conquis les membres dudit comité… La sécession était a fortiori un peu prévue !

C’est donc une véritable cohorte d’artistes qui va travailler au sein de ce nouveau groupe comme Pierre Chareau, Sonia Delaunay, Gerard Sandoz, Jean Puiforcat et bien d’autres avec une volonté de vulgariser et de rendre accessibles des créations jusqu’alors considérées comme plutôt élitistes. Comme l’écrit Yvonne Brunhammer dans son ouvrage « les années UAM », il s’agit de « montrer qu’il existe des objets usuels courants, produits de l’artisanat ou de l’industrie, d’un prix abordable, de qualité et de formes telles qu’ils puissent contribuer à l’harmonie de notre vie, condition de santé et de joie ». En somme proposer un nouvel art de vivre et le partager au plus grand nombre, avec un focus apporté sur l’univers de la maison, de son ameublement et de son design.

La guerre met le mouvement en sourdine mais il aura beaucoup de mal à s’en relever malgré des participations à d’importants salons, d’importantes publications et expositions. L’industrie, rejoint par les critiques, commentera très négativement les créations qui, selon ces derniers, manquent de formes et aspirent à une réflexion intellectuelle excessive, pour des productions élitistes.

C’est dans ces conditions, et après plusieurs manifestes et expositions comme « Les Formes Utiles » à partir de 1949, que le mouvement, pourtant révolutionnaire avec cet idéal esthétique en prise avec son époque, s’efface progressivement. Mais comme le rappelle assez bien l’exposition, cette disparition malheureuse (officialisée en 1958) donnera naissance au prometteur Centre de Création Industrielle en 1969.

L’exposition inédite  présentée par le centre Pompidou présente une traversée de l’ensemble de ce courant essentiel de l’histoire de l’art et du Design français du début du 20ème siècle à la fin des années 1950. Présentée de façon chronologique, vous y découvrirez les grands noms du mouvement comme Robert Mallet Stevens et son « Fauteuil » réalisé en 1923,  Jean Prouvé et sa « Chaise inclinable » (1924), Pierre Chareau et son « Bureau pour Robert Mallet Stevens » (1927) , « La Trinité », sculpture émouvante des frères Martel (1929), Le Corbusier et son panneau mural « Habiter » (1937) ou la Bibliothèque de la maison de la Tunisie de Charlotte Perriand réalisée en 1952.

Une exposition vraiment réussie et une scénographie de grande qualité que nous avons eu plaisir à découvrir. Allez-y, c’est jusqu’ au 27 aout !

Thomas GISBERT DE CALLAC

 

Plus d’infos : Centre Pompidou, « UAM une aventure moderne » du 30 mai au 27 août 2018 (Ouvert de 11h à 21h)

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